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Christelle en vadrouille
23 janvier 2007

Etre français en Turquie au moment de la polémique concernant le génocide en Arménie

Photos_chris_034

İl y a un mois, lorsque j’annonçais que j’étais française, les yeux de mes camarades turcs s’illuminaient. La tour Eiffel, Edith Piaf, les crêpes ou Thierry Henri, chacun faisait à sa manière l’éloge de l’hexagone. Certains me parlaient avec dégoût des escargots ou des grenouilles, mais tous avaient très envie de visiter Paris et de se promener sur les Champs- Elysées. Au lycée, les jeunes se disaient « je t’aime » en français et me posaient mille questions sur le romantisme. Parfois, on se moquait de l’esprit contestataire des Français : « toujours dans la rue une pancarte à la main » me disait-on ! Mais la conversation finissait toujours par ce même mot : « arkadaş », qui signifie « ami » en turc. Depuis le projet de loi français concernant le « génocide arménien », j’hésite à avouer d’où je viens. Le simple fait de dire « Paris » entraîne de longs débats politiques. Quand je suis dans le restaurant scolaire, même angoisse : le journal télévisé turc ne cesse de repasser les images du parlement français, et mes collègues protestent à chaque fois. Les titres des journaux ne sont pas tendres (« égalité, fraternité, stupidité » m’a beaucoup marquée), et ce n’est rien dire des manifestations au cœur desquelles je me suis déjà retrouvée trois fois par hasard… Pour passer inaperçue et observer les mouvements protestataires en toute tranquillité, j’ai préparé un petite phrase : « Belçicadan geliyorum », qui signifie « je viens de Belgique »… au cas où ! Etre français en Turquie n’est pas chose facile à l’heure actuelle. La France voudrait punir ceux qui nient le génocide, la Turquie ceux qui, au contraire, parlent de génocide. Ma position est bien inconfortable. Heureusement, mes élèves s’intéressent malgré tout à la langue de Molière, et la population turque est toujours aussi accueillante. Tout le monde reste très agréable et les relations d’amitié ne se sont pas ternies. Mais le fromage ou les montagnes du Bugey ont perdu de leur aura : c’est de politique qu’on me parle avant tout !

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Commentaires
C
Monsieur,<br /> je vous remercie pour votre commentaire, que j'ai lu avec grande attention.<br /> Je suis bien au courant des faits historiques que vous énoncez, et notamment de l'assassinat du journaliste arménien, puisque j'ai assisté à une manifestation à istanbul en son honneur. Tous les professeurs et élèves du lycée où je travaillais portaient en outre une broche avec sa photo.<br /> Je m'étonne du ton de votre message : je ne prends pas parti dans mon article: je me contente juste de décrire le malaise que j'ai ressenti à cause du "combat" entre les hommes politiques turcs et français. A aucun moment je n'émets de jugements sur la loi turque ou la loi française.<br /> <br /> Si vous avez interprété mon article différemment, je suis tout à fait intéressée pour que vous me disiez pourquoi. Je suis alors d'accord pour changer mes formulations.<br /> <br /> Cordialement;
A
Christelle,<br /> <br /> Un petit commentaire sur le génocide non pas en Arménie mais en Turquie sur les terres autrefois arméniennes.<br /> <br /> Les intellectuels et les notables arméniens raflés chez eux dans la nuit du 24 avril 1915 l'ont été par des gendarmes turcs. La plupart ont péri dans les déserts de Syrie.<br /> <br /> Cela a marqué le point de départ de massacres en masse, de déportations sur une grande échelle, et j'en passe pour ne pas vous écoeurer.<br /> <br /> Vous devriez savoir que le célèbre historien turc Taner Akcam, professeur réfugié aux Etats-Unis est aujourd'hui menacé de mort par des nationalistes turcs, avec un relais dans la presse turque. <br /> <br /> Je m'étonne également votre ignorance de l'ignoble assassinat du journaliste turc d'origine arménienne Hrant Dink. C'était pourtant le 19 janvier 2007 !<br /> <br /> Il faut savoir regarder la partie immergée d'un iceberg pour se rendre compte de la réalité des choses.<br /> <br /> Avec plus de six siècles passés dans l'Empire ottoman, et parfois de la famille en Turquie, nombreux sont les Arméniens qui ne vous comprennent pas. Eux ont laissés là-bas des cadavres sans sépulture.<br /> <br /> Cela n'enlève rien au goût du fromage.<br /> <br /> Bien cordialement.<br /> <br /> Carl E. Arkantz
Christelle en vadrouille
  • Chaque année, Christelle (mümü) voyage dans un nouveau pays pour enseigner le français. Elle raconte ses aventures et ses anecdotes de voyage. Avant de vous lancer dans la lecture des récits, n'oubliez pas de sélectionner le pays à droite!
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