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Christelle en vadrouille

25 février 2010

Le centre de San Salvador

Depuis que je vis au Salvador, j’ai toujours été fascinée par le centre de la capitale. C’est un lieu extrêmement contrasté et paradoxal !

Le centre, c’est en effet l’endroit où l’on trouve tous les plus beaux monuments du pays : le palais national, le théâtre national, la cathédrale et le cimetière des Illustres. Mais c’est aussi un quartier où grouillent vendeurs de drogue, membres de gangs juvéniles et prostituées.

Le centre, c’est l’endroit où l’on peut tout acheter. Les rues sont complètement envahies de petits stands et de vendeurs ambulants qui proposent aussi bien des fruits et légumes que des DVD pirates ou des animaux exotiques. Les trottoirs et les routes sont saturés, on marche difficilement.

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L’endroit qui m’impressionne le plus est le marché central. A l’entrée de cet édifice, une rue entière est réservée aux sorcières. Elles ont de longs cheveux blancs, et elles sont maquillées à outrance. Les potions et les plantes qu’elles vendent dégagent une odeur forte, que je ne pourrai jamais oublier. En général, leurs clients sont des femmes trompées qui souhaitent se venger de leur mari. Le remède est effrayant : elles prennent une photo de l’homme, lui plantent une aiguille avec un fil rouge au niveau des yeux, et mettent cette préparation dans une bouteille magique. Je passe toujours vers elles, mais je n’y reste jamais longtemps. Elles m’intimident et m’effraient énormément !

A l’intérieur du marché central, une allée entière est réservée à la vente d’animaux. Quand on pénètre cet espace, on sent une certaine tension. La moitié des marchandises de ces vendeurs est illégale, on se méfie donc de chaque client. Le plus effrayant et triste pour moi est le sort des iguanes… Les salvadoriens en raffole ! Les pauvres bêtes sont donc ligotées et placées dans un panier. Lorsqu’un restaurateur arrive, le carnage commence : on lui coupe les pattes, puis la tête ! Destination : le barbecue !

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Dans cet espace réservé aux animaux, on trouve aussi des œufs de tortue, et toutes sortes d’animaux protégés, même des singes ! Les pauvres bêtes sont conservées dans les tiroirs, pour que la police ne puisse pas les repérer. Un jour, un vendeur a même avoué à un ami journaliste qu’il se procurait facilement tigres et lions car les plus grands chefs de la mafia avaient la manie de les garder dans leur salon en guise de pouvoir !

C’est un lieu absolument incroyable! Voilà déjà deux ans que je m’y rends fréquemment, et cet endroit n’a pas fini de me surprendre. A chaque fois que je marche au hasard des rues, je découvre quelque chose de surprenant et d’inattendu. C'est un lieu où tout est possible!

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23 février 2010

La violence au Salvador

Après avoir vécu 2 ans au Salvador, je suis rentrée quelques mois en France, puis j’ai décidé de retourner à San salvador pour y faire mon stage de Master 2. Je pensais que je m’étais habituée à l’insécurité dans le pays, et que la violence de m’étonnerait plus à mon retour. Pourtant…

Lorsque je suis arrivée au Salvador, il y a un mois à peu près, j’ai décidé de passer un week-end à la plage afin de me reposer. J’ai donc pris un bus en direction de « Costa azul », une plage située à l’ouest du pays, à la frontière avec le Guatemala. C’est une plage que je connais bien et où j’ai l’habitude d’aller. Elle est absolument magnifique. Tous les étrangers qui ont la chance de s’y rendre font toujours le même commentaire, ébahis : « Je n’en reviens pas, disent-ils, on dirait le paradis ! ». En effet, cette plage presque sauvage est toujours déserte. Il y a des arbres fruitiers et des cocotiers de partout. Comme très peu de maisons ont été construites, les animaux sont nombreux. Les pélicans viennent pêcher devant nous, et les colibris envahissent les plantes. Il n’est pas rare non plus de voir des groupes de perroquets s’envoler lorsque la nuit approche !

Mais ce qui me fascine le plus sur cette plage, c’est la simplicité avec laquelle on vit : lorsque l'heure de manger approche, on attend que les bateaux de pêcheurs pointent leur nez, et on leur achète directement ce que l'on veut pour le repas: thon, requin, crevettes, et même langoustes. Quand on a soif, il y a toujours quelqu’un prêt à grimper aux arbres pour aller y chercher des noix de cocos. Un coup de machette pour enlever le « couvercle » de la noix de coco et le tour est joué. Le soir, on boit une petite bière salvadorienne ou un verre de rhum nicaraguayen, et on va se coucher dans les hamacs. Un rêve !

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Après avoir passé 4 mois en France, j’étais donc réellement impatiente de rejoindre ce petit bout de paradis. Les trois heures de bus m’ont semblé interminables, surtout à cause des multiples contrôles organisés par la police pour arrêter les personnes qui sont en possession d’une arme. Après ces trois longues heures et ces nombreux arrêts, on arrive enfin ! Je suis folle de joie ! Mon ami et moi descendons du bus, puis nous marchons quelques minutes à travers des chemins pour rejoindre le petit ranch où nous allons passer la nuit.

Dès notre arrivée, je salue la famille qui vit sur le terrain du ranch. Ils prennent de mes nouvelles, on papote. Puis je cours enfin en direction de l’océan pacifique. Il y  a tellement longtemps que j’attendais ce moment !

Mais, en arrivant sur la plage, je remarque un attroupement anormal juste devant notre ranch. C’est bizarre, puisque cette plage est toujours déserte. Témoin de ma surprise, la plus jeune fille du ranch me rejoint en courant et se met à crier en riant : « Fais attention Christelle, il y a un cadavre sans tête sur la plage ».

Je reste sans voix, les bras ballants. Un décapité ! Un descabezado ! Je n’en reviens pas. Lorsque je vivais au Salvador, j’ai été témoin de la violence, mais jamais à tel point. Je regarde mon ami, terrorisée : « peut-être vaut-il mieux rentrer, me dit-il ». La famille nous rassure : « Non ! Calmez-vous ! Il n’a pas été assassiné là ! C’est sûrement un jeune qui faisait partie d’un gang. Il a été jeté à l’eau un peu plus loin, et la marée l’a ramené ici, c’est tout ».

Cette petite précision semblait rassurer tout monde, sauf moi. J’ai beau essayer, je ne peux m’empêcher de regarder en direction du cadavre. Le contraste entre la plage paradisiaque et ce corps décapité est tellement ahurissant…

Mon ami me rassure et m’invite à aller me baigner malgré tout. « Il faudra que tu te réhabitues me dit-il, c’est tout ». Durant tout l’après-midi, nous avons donc nagé à côté de ce corps. La police est venue le chercher 9 heures après que les habitants du village l’ont découvert. Au mois de janvier, il fait plus de 40 degrés au Salvador...

Lorsque ce cadavre recouvert d’un vulgaire sac poubelle noir disparaît enfin, je me sens mieux. Je vais me baigner plus tranquillement. Rapidement, nous oublions l’évènement, et nous profitons de la plage comme s’il ne s’était rien passé. La vitesse avec laquelle des évènements aussi atroces deviennent pour nous normaux m’impressionne, m’effraie.

14 septembre 2007

festivals d'été

Cette année, j'ai passé trois mois en France. J'ai eu la chance d'y être aux mois de juin, juillet, et août, les mois les plus dynamiques en ce qui concerne l'organisation de festivals.

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Chaque week-end, nous avons pu assister gratuitement à des concerts ou des spectacles de cirque dans la rue. nous avons pu découvrir des troupes de théâtre aux coins des rues, ou des groupes de musique au fin fond des bois... il y en avait pour tous les goûts. Parmi ceux que j'ai préférés cette année, il y a eu le festival de jazz à Crest, avec un formidable concert de Goran Bregovic. En ce qui concerne la magie et le féérique, j'ai apprécié Châlon sur Saône et Aurillac.

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Il y avait dans les rues des centaines d'artistes déguisés, et des milliers de spectateurs présents pour plusieurs jours. C'était formidable!

24 juin 2007

Course d'objets flottants non identifiés sur le lac de Nantua

Samedi après-midi, mon amie Lorette m'a téléphoné pour me proposer de passer en coup de vent au lac de Nantua, où des copains organisaient une course d'OFNI, Objets flottants Non Identifiés. Mais elle s'était en fait trompée de jour. La course avait lieu le lendemain. Quelques participants étaient déjà là et mettaient leurs fabrications à l'eau pour tester la flottabilité. Il y avait une chenille en tonneaux, un bateau de pirates en bouteilles plastiques, un camion de pompiers ou un pédalo en bois...

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Ceci nous a mis la puce à l'oreille : et si nous faisions nous aussi un bateau en quatrième vitesse? Ni une ni deux, nous avons fait le tour des greniers et des dépots de Lorette. Nous avons trouvé une palette, quelques bidons, du plastique, des plaques de polystirène et une grosse cuisinière en carton. Lorette a commencé à tout assembler le soir, et nous avons fini le lendemain. Avec des costumes de Père Noël, un étandage avec des bonnets et des chaussettes d'hiver, un père noël en figure de proue, nous avions notre histoire : la dérive de la famille noël à cause du réchauffement climatique... Lorette, mon frère Seb et moi avons donc traversé une partie du lac sur cette drôle d'embarcation, tentant de ne pas trop couler et d'avancer un minimum... une bien drôle d'aventure!

23 juin 2007

Terreur dans le stade de foot

Comme le foot est aussi important que la religion en Turquie, je me suis payé un billet pour aller voir un match, avec des amis de divers pays. J'ai choisi "Galatasaray" "Fenerbace", parce que tous mes collègues me disaient qu'il y aurait "de l'action". Quand on me disait "action", je pensais à la qualité du match et au dynamisme des supporters. En réalité, "action" signifiait: guerre civile!

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J'ai tout de suite compris que ça allait chauffer quand on m'a fouillée à l'entrée du stade. Je n'avais même pas le droit de prendre des pièces de monnaie avec moi. Après cela, je suis passée dans un couloir grillagé, et on m'a encore fouillée deux fois : le moindre objet était confisqué. Quand je suis entrée dans le stade, les supporters de Galatasaray insultaient vivement les adversaires... qui étaient en minorité, entourés d'une dizaine de rangées de CRS, et d'un grillage de plus de cinq mètres! Tout est allé crescendo au cours de la soirée. Quand les joueurs sont entrés, le public s'est mis à jeter des bouteilles d'eau. Certains ont lancé des fumigènes qu'ils avaient réussi à dissimuler dans leurs vêtements.

fumig_nesLes joueurs des deux équipes recevaient tout sur le crâne. Ils devaient débarrasser le sol avant de tirer pour que le ballon ne rencontre pas d’obstacle. Après les bouteilles, les supporters se sont mis à arracher les chaises du stade et à les jeter sur le terrain. Les joueurs ne pouvaient plus courir: la pelouse était trop encombrée. A côté de moi, un jeune a réussi à casser le béton, et il l'a jeté sur la police.

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Tous ses collègues se sont ensuite amusés à viser les forces de l'ordre ! Certains ont été embarqués, et des centaines d’autres policiers sont entrés sur le terrain. J’ai bien cru qu’on allait tous être arrêtés. Le match a finalement été interrompu, puis il a repris. Galatasaray a perdu ! Les supporters ont donc achevé le stade en y mettant le feu. Moi, au milieu de tout ça, je ne savais que faire. J'étais faiblement protégée par des supporters voisins. En sortant du stade (ou du moins ce qu'il en restait), j'ai croisé des gens avec le crâne ouvert et ensanglanté... un drôle de match!

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20 juin 2007

Tour des Fiz

Depuis 2 ans, je n’ai pas pu profiter des montagnes. Le peuplement de serpents à sonnettes m’effrayait au Mexique, et les hauts plateaux étaient trop loin de chez moi en Turquie. Quand mon amie Lorette m’a proposé de randonner avec elle en juin, j’étais folle de joie. Le mardi 19 juin au matin, nous étions proches de Sallanches, prêtes pour un petit périple d’un jour et demi. Nous sommes parties du plateau d’Assy, nous avons marché jusqu’au lac et au col d’Anterne (2257 m) puis nous sommes arrivées au refuge d’Alfred Wills (1800). A cette étape, nous avons hésité à continuer, nous souvenant de notre énergie d’antan et de nos périples de jeunesse tels que le Tour du Mont Blanc en courant sous la neige… Comme la météo prévoyait des orages, nous avons cependant préféré être raisonnables, et nous nous sommes installées sous tente, près du refuge. Son gérant, très sympathique, nous a proposé un bel échange : si nous passions l’aspirateur dans le refuge, il nous invitait à dormir. Nous avons accepté de passer l’aspirateur, mais refusé le cadeau, nous qui ne faisons jamais le ménage chez nous… Proche du refuge, il y avait une tourbière à sec. Formidable pour le confort, horrible pour l’humidité. Après quelques tests, nous avons cependant réalisé que l’eau ne pénétrait pas nos tapis de sol. Allons-y donc pour la tourbière ! Notre place de camping a laissé sceptique un berger bourru qui n’a pas hésité à dire ce qu’il pensait : « qu’ils sont cons ces touristes ! Ils plantent leur tente dans l’eau ! Je vous jure ! Moi j’en chie avec mes moutons et eux ils prennent plaisir à venir là et à se prendre la flotte ! Qu’ils sont cons… ». Le lendemain, nous n’étions pas mouillées du tout. Mais nous n’avions pas pensé que les tourbières étaient des refuges à puces ! Nous n’avons bien sûr rien dit au berger… Après un réveil très matinal (6h00), nous devions finir ce tour de la chaîne des Fiz et rejoindre la voiture. Il fallait redescendre vite car je devais préparer mes cours de français pour mes classes de jeudi. Deux choix s’offraient à nous : le dérochoir (passage dangereux à flanc de montagne), ou le désert de Platé par le col de Portette (2600 m), moins raide mais plus long. Comme le brouillard est arrivé sur la chaîne des Fiz, nous n’avions pas le choix : le désert de Platé ! Nous y avons trouvé la neige, nous avons traversé des névés et passés des cols en nous dépêchant pour ne pas être rattrapées par le mauvais temps. Nous avons fait vite, mais le tour était plus long que ce que nous pensions : 8h00 de marche à toute allure, dont une descente très longue et fatale pour les jambes entre Platé et les Moulins… A 16h00, nous étions à la voiture. A 18h00, j’étais chez moi. J’ai travaillé très tard, pour me lever à 5h30 le lendemain…dans un état pitoyable ! Impossible de descendre les escaliers à cause des courbatures, la peau mangées par les puces, le ventre en vrac à cause peut-être du fromage coulant que nous avons mangé, et une migraine horrible à cause de la fatigue… Qui disait que le sport était bon pour la santé ?

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27 mars 2007

Enfermée dans le lycée

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Quand je me suis inscrite au programme d'assistanat, les organisateurs m'ont demandé si je préfèrais vivre en ville ou à la campagne. Je n'ai pas hésité une seconde: je voulais être au calme. Je n'ai pas été déçue! Le lycée, et mon logement par conséquent, étaient totalement isolés, sur une colline. La Mer de Marmara se trouvait à côté, mais il était impossible de la toucher puisque toutes les usines déversaient leurs poubelles dedans. La couleur de l'eau en disait long sur ces problèmes de pollution! La seule chose qui m'a réconfortée en arrivant dans ma nouvelle démeure était l'idée de pouvoir courir sur la colline. Erreur! Lorsque j'ai voulu sortir du lycée, les policiers de l'école m'en ont empêchée. Ils me faisaient comprendre que les agressions étaient fréquentes ici. Ils passaient leur doigt sur leur cou, pour me faire comprendre que je risquais d'être assassinée. Bel accueil! La première semaine, je me suis résignée, et j'ai fait une cure de baklavas à la place. Une semaine plus tard, je suis revenue à la charge, dictionnaire en main. Je leur disais en turc: "si moi, rester école, moi devenir folle! Autrement dit: "Ben, okulda kalmak, ben deli!" Ils ont tellement ri qu'ils m'ont autorisée à sortir du lycée, à condition de courir autour d'eux. C'était déjà ça de gagné! Après quelques jours, je suis revenue, avec un petit discours préparé. Je leur ai dit: "je suis responsable, je ne suis pas un bébé , pas de problème!", "Ben sorumlu, ben bebek degil, problem yok!". Et je suis partie en courant, sans être ennuyée. Manque de chance, le directeur m'a vue, et a dit aux policiers de me dissuader... J'ai donc pris mon courage à deux mains, et je suis allée faire le pitre dans le bureau du directeur. Je disais en turc que je courais vite, que je n'avais pas peur, que j'avais un couteau dans ma main... Finalement, ils m'ont autorisée à sortir, enfin. dans le village, très conservateur, les gens n'avaient jamais vu ça. Le maître d'école interrompait sa classe pour que ses élèves me regardent passer, et les grand-mères du village hurlaient de rire en me voyant. Ceci m'a valu le surnom de "koskadin", la femme qui court. Les après-midi, les enfants m'attendaient même pour que je joue au foot avec eux, c'était très convivial. Je n'ai pas eu de souci, à part le mois précédent mon départ, où un homme en scooter m'a poursuivie sur la colline. J'ai essayé de lui échapper en me réfugiant des gens pour demander de l'aide. Malheureusement, il n'y a avait personne, j'ai donc sprinté jusqu'au village, où j'ai par chance croisé des collègues de travail qui m'ont ouvert la porte de leur voiture. Je leur ai dit mille fois merci, et je leur ai demandé, un peu honteuse :"s'il vous plait, ne dites rien aux policiers et au directeur"... après le cirque que j'avais mené dans leurs bureaux!

27 janvier 2007

Marchés populaires turcs

Mon activité préférée, en Turquie, était la découverte des marchés populaires. Dans les quartiers conservateurs comme Fatih ou Üsküdar, les femmes arrivent au marché directement avec leur brouette, et il est possible d'acheter les fruits ou légumes qu'elles viennent tout juste de cueillir.

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On peut aussi trouver des montagnes de draps, de boutons ou de tissus. Une vraie caverne d'Ali baba! Les prix sont tellemement intéressants que toutes les femmes s'y retrouvent, et se battent pour avoir en premier le vêtement désiré! Une fois entré dans le marché, il n'y a pas d'autres solutions que de se laisser emporter par la foule. Tous ces mouvements sont rythmés par les crirs des vendeurs qui font la promotion de leur marchandise! Les plus originaux composent même de petites mélodies pour que les femmes soient attirées par leur étal!

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Au marché de Gebze, il y a même de vieilles grands-mères munies d'énormes chaudrons, où elles préparent de la confiture d'aubépines. Pour goûter, pas de soucis: il faut tremper sa main dans la cuve, et lécher ses doigts. C'est tellement meilleur ainsi!

23 janvier 2007

Etre français en Turquie au moment de la polémique concernant le génocide en Arménie

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İl y a un mois, lorsque j’annonçais que j’étais française, les yeux de mes camarades turcs s’illuminaient. La tour Eiffel, Edith Piaf, les crêpes ou Thierry Henri, chacun faisait à sa manière l’éloge de l’hexagone. Certains me parlaient avec dégoût des escargots ou des grenouilles, mais tous avaient très envie de visiter Paris et de se promener sur les Champs- Elysées. Au lycée, les jeunes se disaient « je t’aime » en français et me posaient mille questions sur le romantisme. Parfois, on se moquait de l’esprit contestataire des Français : « toujours dans la rue une pancarte à la main » me disait-on ! Mais la conversation finissait toujours par ce même mot : « arkadaş », qui signifie « ami » en turc. Depuis le projet de loi français concernant le « génocide arménien », j’hésite à avouer d’où je viens. Le simple fait de dire « Paris » entraîne de longs débats politiques. Quand je suis dans le restaurant scolaire, même angoisse : le journal télévisé turc ne cesse de repasser les images du parlement français, et mes collègues protestent à chaque fois. Les titres des journaux ne sont pas tendres (« égalité, fraternité, stupidité » m’a beaucoup marquée), et ce n’est rien dire des manifestations au cœur desquelles je me suis déjà retrouvée trois fois par hasard… Pour passer inaperçue et observer les mouvements protestataires en toute tranquillité, j’ai préparé un petite phrase : « Belçicadan geliyorum », qui signifie « je viens de Belgique »… au cas où ! Etre français en Turquie n’est pas chose facile à l’heure actuelle. La France voudrait punir ceux qui nient le génocide, la Turquie ceux qui, au contraire, parlent de génocide. Ma position est bien inconfortable. Heureusement, mes élèves s’intéressent malgré tout à la langue de Molière, et la population turque est toujours aussi accueillante. Tout le monde reste très agréable et les relations d’amitié ne se sont pas ternies. Mais le fromage ou les montagnes du Bugey ont perdu de leur aura : c’est de politique qu’on me parle avant tout !

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24 novembre 2006

Kidnapping en Turquie

Je ne peux parler de la Turquie sans évoquer ce fameux épisode d'autostop qui a failli me coûter la vie...

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Un dimanche matin, je n'en pouvais plus de la pollution d'Istanbul. J'ai donc proposé à une amie, Maud, d'aller ramasser des châtaignes. J'avais entendu dire qu'il y en avait à côté de la mer noire. Ni une ni deux, nous sommes parties en bus. Nous avions oublié qu'il fallait quatre heures pour parcourir 100 km. Arrivées dans les petites collines de mer noire, il était donc déjà bien tard. Nous sommes cependant parties marcher, et nous avons trouvé des châtaignes rachitiques. Pour sauver notre honneur et pour éviter de rentrer bredouilles, nous avons ramassé celles qui n'étaient pas mangées par les vers. Une demi-heure plus tard, il fallait déjà rentrer, car le soleil disparaissait peu à peu. Une fois arrivées sur l'autoroute, nous devions rejoindre un petit village pour prendre le bus. Comme celui-ci se trouvait à l'opposé d'Istanbul, j'ai proposé à mon amie de faire du stop. A peine le pouce tendu, deux hommes se sont arrêtés. Ils étaient étranges, et leurs propos ne tenaient pas debout. Ils devaient aller à l'opposé d'Istanbul, et ils ont changé d'avis pour pouvoir nous y conduire. Etrange... Finalement, ils nous ont semblé sympas. Nous avons mangé avec eux sur une aire d'autoroute, et nous avons parlé de nos petits-amis. Ils avaient l'air de s'en moquer, ce qui nous a rassuré. Nous avons repris la route quand il a fait nuit, et c'est là que tout a basculé. Subitement, ils se sont arrêtés sur l'autoroute, et j'ai compris qu'ils voulaient faire marche arrière. Je leur ai demandé ce qui leur prenait, et ils m'ont répondu qu'ils avaient oublié un sac en Mer noire. Avec mon amie, nous leur avons demandé de nous laisser sur le bord de la route. Ils ont refusé; on s'est énervé. Faisant fi de nos remarques, ils ont fait demi-tour et se sont mis à accélérer. Je leur ai alors dit de nous déposer au petit restau où nous avions dîné ensemble. J'essayais du moins de le dire, mon niveau de turc n'étant pas fantastique. Avec du recul, je me souviens que je leur disais : "gözlemede duruyoruz", ce qui signifie "arrêtons nous dans la crêpe" (la crêpe étant la spécialité du restau...). Bref. Les hommes ont refusé de s'arrêter. J'ai donc pris mon couteau, et mon ami sa bombe de déodorant. Elle hurlait pour qu'ils s'arrêtent; ils hurlaient pour qu'on se taise. J'ai alors pris mon téléphone, et j'ai appelé une amie pour lui dire qu'elle aurait peut-être à appeler la police. "Police" se disant pareil en turc, le chauffeur est devenu fou. Il a pris un petit chemin qui permettait de sortir de l'autoroute. Maud et moi sommes sorties du véhicule dès qu'il a freiné, et nous avons couru sur l'autoroute, de nuit, pour leur échapper. On s’est réfugiées dans une petite auberge, pour demander du secours. Mais cette maisonnette était gérée par une grosse femme qui organisait une sorte de réseau de prostitution. Nous l’avons découvert quand elle a appelé une équipe de gendarmes sensés nous protéger, qui ont en fait tenté de nous toucher les jambes et de nous emmener avec eux. Jusqu’à onze heures du soir, nous avons dû rester en leur compagnie, le temps de trouver une voiture plus fiable pour nous ramener à Istanbul. Nous avons finalement trouvé deux vieillards bourrés qui entretenaient deux jeunes femmes russes. Ils conduisaient avec leur bouteille de vodka dans la main. Horrible. Nous sommes malgré tout arrivées à Istanbul vivantes, et nous avons pu traverser le Bosphore sur le dernier bateau. Rentrées à l’appart, nous avons sorti nos petites châtaignes de nos poches ! Quelle aventure !

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Christelle en vadrouille
  • Chaque année, Christelle (mümü) voyage dans un nouveau pays pour enseigner le français. Elle raconte ses aventures et ses anecdotes de voyage. Avant de vous lancer dans la lecture des récits, n'oubliez pas de sélectionner le pays à droite!
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