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Christelle en vadrouille
23 octobre 2006

Massée par Rambo au hammam

Autrefois réservé aux familles n’ayant pas de douches chez elles, le hammam est devenu un passage obligatoire pour les touristes. Cependant, il est encore possible de trouver des hammams populaires où les femmes et les hommes, séparément bien sûr, se retrouvent entre eux, se lavent et se massent. Un après-midi pluvieux, veille du ramadan, je suis donc partie à la recherche d’un de ces bains publics. Après quelques heures de recherche, j’arrive enfin… A l’entrée du hammam, une vieille femme, on ne peut plus grande et musclée, attend patiemment sous le porche tel un videur de boîte de nuit. Elle m’ouvre la porte. J’entre timidement après elle, déstabilisée par cette imposante carrure. Je me rassure en me rappelant le doux massage que j’avais tant apprécié il y a deux ans à İstanbul. Je la suis dans un couloir où une fumée intrigante rend la visibilité très floue. J’ai très chaud. Le matin, j’avais pris soin de m’habiller avec les vêtements les plus couvrants de ma garde-robe, car les décolletés et petites tenues sont bannis dans ces quartiers populaires. Tenant mon gilet fermé jusqu’au cou, je marche timidement derrière cette immense grand-mère. Au bout du couloir, elle me laisse la devancer. Je me décide à entrer dans la grande salle enfumée. Je n’en crois pas mes yeux ! Une vingtaine de vieilles femmes nues ou en sous-vêtements est assise autour d’une table. Les mamies fument en buvant leur thé. Elles parlent fort, rient, et montrent sans complexes les quelques dents qu’il leur reste et leurs poitrines nues ! Moi, l’Européenne, je suis emmitouflée dans des couches de vêtements. J’ai l’air ridicule. Pour mettre fin à cet instant de honte, je pars rapidement me dévêtir dans une petite cabine. Quelqu’un frappe à ma porte : c’est la grand mère de l’entrée. Elle m’annonce ce que je redoutais tant : c’est elle qui me massera. Elle me sert vivement la main pour se présenter : « on m’appelle Rambo » me dit-elle. Ma gorge se sert. Je sors de ma cabine. Les vieilles femmes m’orientent. Elles me fascinent. Quand elles ouvrent la porte du hammam, la vapeur m’arrive subitement au visage. Je ne vois rien, et ne peux respirer. J’avance cependant, et ouvre de nouveau les yeux : formidable ! Au moins cinquante femmes sont assises sur des bancs de carrelage blanc. Elles se lavent entre elles, se massent, se coiffent, discutent. İl y a des mères de familles, des grand-mères, des adolescentes. Cette communauté de femmes, toutes nues, a quelque chose de fascinant et d’effrayant à la fois. Deux femmes m’appellent et me font de la place sur un banc. Je les imite et me présente. Nous restons là, bercées par le chant d’une femme qui résonne dans tout le hammam. C’est magnifique. Subitement, une voix rauque me rappelle à la réalité. C’est Rambo. Elle me fait venir dans une salle consacrée au massage. A partir de ce moment, rien n’a traîné. Vu la foule en cette veille de ramadan, Rambo doit faire vite. Elle me prend le bras, m’appuie sur la tête pour me faire asseoir. Elle prend un seau d’eau bouillante et me le renverse subitement sur la tête. Elle rit avec ses amis. Puis elle m’allonge, se munit d’une brosse rêche et me racle littéralement la peau. Elle enlève la peau morte par paquets, je suis rouge de honte, et rouge de douleur. Je comprends malheureusement la blague de Rambo qui m’annonce… qu’elle vient d’enlever 5 kilos de saletés, en montrant fièrement le trophée à ses amies. Moi qui voulait passer inaperçue ! Puis elle me jette un autre seau à la figure. Elle m’abandonne dans un coin pendant qu’elle s’occupe de quelqu’un d’autre. M’aurait elle oubliée ? Non ! Elle se saisit de mon bras, m’allonge, et le cauchemar continue. Elle m’écrase littéralement le dos en mettant tout le poids de son corps sur moi, indifférente à mes gémissements. Puis elle prend ma jambe et la lève d’un coup a hauteur de ma tête. Autre seau d’eau, petit sourire complice, puis elle me raccompagne en dehors du hammam. Les fumeuses me font une place avec elles, puis on rit ensemble de mon triste état. Rambo me donne une frappe amicale sur l’épaule. Je constate avec plaisir que je fais partie de cette petite communauté. Je reviendrai !

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  • Chaque année, Christelle (mümü) voyage dans un nouveau pays pour enseigner le français. Elle raconte ses aventures et ses anecdotes de voyage. Avant de vous lancer dans la lecture des récits, n'oubliez pas de sélectionner le pays à droite!
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